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L’impact des perturbations sur le stockage du carbone en forêt boréale

11 avril 2025

Actualité

Les forêts boréales paludifiées* ou tourbeuses emmagasinent une grande partie de leur carbone (60 à 80 %) dans le sol, sous forme de matière organique morte provenant principalement des bryophytes. Toutefois, cette accumulation ralentit la croissance des arbres, limitant ainsi la production de bois. Certains facteurs, comme les interventions sylvicoles et les feux, peuvent réduire l’épaisseur de ces couches et influencer la dynamique du carbone. Une question clé demeure : est-ce que l’augmentation de la croissance des arbres est contrebalancée par une perte du carbone déjà stocké dans le sol? 

Ange-Marie Botroh, doctorante en sciences de l’environnement, a réalisé des travaux de recherche spécifiquement sur ce sujet. Son objectif était d’évaluer les effets des feux et des pratiques sylvicoles, selon leur intensité, sur la dynamique du carbone dans les forêts tourbeuses du Nord-Ouest québécois. Les résultats ont montré que les perturbations sévères, qu’elles soient humaines ou naturelles, favorisent le stockage du carbone grâce à la croissance accélérée des arbres en régénération, notamment dans les forêts à dominance de mousses hypnacées. Les perturbations légères comme les feux peu sévères et les coupes avec protection de la régénération et des sols (CPRS) favorisent quant à elles le stockage du carbone dans les sols et les bryophytes, mais surtout dans les forêts riches en sphaignes, où la tourbe joue un rôle clé. 

En résumé, si les perturbations sévères causent une perte de carbone importante au départ, elles permettent une compensation rapide grâce à la régénération des arbres. À l’inverse, les perturbations légères favorisent un stockage plus progressif, principalement via la tourbe. Dans tous les cas, les arbres sont essentiels pour rééquilibrer le bilan carbone après une perturbation, tandis que les mousses assurent le stockage à long terme. 

Cette étude suggère ainsi que dans les forêts paludifiées encore productives, des interventions sylvicoles intensives pourraient être envisagées tandis que la conservation serait préférable dans les secteurs moins productifs. Un dispositif de suivi pourrait être utile pour développer des stratégies d’aménagement adaptées. 

Ange-Marie Botroh a soutenu sa thèse à distance le 10 avril dernier. Son projet de recherche, intitulé « Détermination des effets des pratiques sylvicoles sur les stocks et les flux de carbone en forêt boréale tourbeuse », a été réalisé sous la direction du professeur Xavier Cavard et sous la codirection du professeur émérite Yves Bergeron, tous deux de l’Institut de recherche sur les forêts de l’UQAT.

En savoir plus

*Signifie une forêt humide où il y a une forte accumulation de matière organique dans le sol

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