Les incendies sont une perturbation écologique majeure dans les forêts circumboréales, qui regroupent les portions nord de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’Asie. En raison de leur position dans les hautes latitudes, ces forêts connaissent un réchauffement climatique supérieur à la moyenne. Les récents feux d'une intensité inhabituelle au Canada, en Sibérie et en Alaska illustrent que les incendies sont intrinsèquement liés aux changements climatiques. Bien que des analyses de cernes de croissance des arbres (reconstitutions dendrochronologiques) aient été réalisées par le passé pour évaluer les relations entre les régimes d'incendie, le climat et l'activité humaine, à différentes échelles temporelles et spatiales, la dynamique à long terme demeure mal comprise dans certaines régions.
Dans le cadre de ses recherches, Nina Ryzhkova, étudiante au doctorat sur mesure en écologie des incendies forestiers à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), a reconstitué les régimes d'incendie historique des forêts boréales du nord-ouest du Canada et de l’est de la zone boréale européenne. Ses travaux ont été réalisés sur trois sites, soit l'autoroute 3 dans les Territoires du Nord-Ouest (Canada), la réserve de biosphère de Pechora-Ilych (Russie) et le parc national de Kalevalsky (Russie). Cette étude repose sur l’analyse de pins gris (Pinus banksiana) et de pins sylvestres (Pinus sylvestris) marqués par le feu, permettant d’identifier l’évolution des incendies dans le temps et d’évaluer l’influence du climat et de l’activité humaine. Les résultats démontrent que les périodes de forte activité des incendies coïncident souvent avec des fluctuations climatiques, tandis que l’impact humain se manifeste de façon plus locale et ponctuelle.
Par ailleurs, des études régionales menées sur les trois sites montrent comment les changements climatiques, notamment les variations des courants atmosphériques, ont interagi avec l’usage historique des terres pour influencer la dynamique des incendies à long terme. Les résultats apportent ainsi un éclairage sur les régimes d'incendie passés et contribuent à orienter les stratégies de gestion des feux de forêt, dans un contexte de changements environnementaux rapides. Le feu étant un facteur clé de la dynamique des forêts circumboréales, il importe de le prendre en compte dans la conservation de ces forêts.
C’est le 12 mars dernier que la doctorante Nina Ryzhkova a soutenu sa thèse à distance. Ses travaux ont été réalisés sous la direction d’Igor Drobyshev, professeur associé à l’Institut de recherche sur les forêts (IRF) de l’UQAT, et sous la codirection d’Yves Bergeron, professeur émérite à l’IRF, et d’Alexander Kryshen, chercheur au sein du Forest Research Institute of the Karelian Research Centre of the Russian Academy.