Des scientifiques de l’Institut de recherche sur les forêts (IRF) de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) mèneront des projets collaboratifs pour contribuer à la protection de nos écosystèmes. En partenariat avec nombre de collaboratrices et collaborateurs, la professeure Nicole Fenton et le professeur Guillaume Grosbois de l’IRF dirigeront des travaux de recherche portant sur la collecte de données massives. L’objectif est de proposer des solutions aux décideuses et décideurs provinciaux ainsi que de développer des outils de sensibilisation.
Combiner 20 ans de données existantes pour mieux documenter une zone à protéger
Chaque année, de nombreuses universités à travers le Canada collectent une grande quantité de données dans la magnifique forêt boréale. Un même site peut ainsi avoir servi de terrain d’étude pour une multitude de projets de recherche, menés par différentes universités et même d’autres organisations scientifiques. Ce projet vise à rassembler l’ensemble des données recueillies depuis plus de 20 ans dans un secteur où la Première Nation Abitibiwinni prévoit la création d’une zone protégée. Cet endroit exceptionnel est choisi pour la grande quantité de carbone stockée dans ses sols tourbeux, sa biodiversité riche, ses écosystèmes forestiers et la présence d’un troupeau de caribous.
Une dizaine de scientifiques uniront leurs efforts pour mener à bien ce vaste projet, qui vise à mieux comprendre les mécanismes de séquestration du carbone et leurs liens avec la biodiversité. Concrètement, cette recherche aboutira à la création d’une base de données spatialisée adaptée aux besoins de la communauté ainsi qu’à une carte interactive illustrant ces interactions. Cette collaboration offrira également aux gestionnaires une nouvelle approche pour intégrer les données sur la séquestration et le stockage du carbone, ainsi que d’autres valeurs liées à la biodiversité, dans la gestion de la conservation.
En plus de la professeure Nicole Fenton (biodiversité végétale), plusieurs chercheuses et chercheurs de l’UQAT mettront à profit leur expertise pour mener à bien ce projet, notamment Hugo Asselin (foresterie sociale et autochtone), Yves Bergeron (dynamique des écosystèmes forestiers), Valentina Buttò (modélisation), Annie DesRochers (biologie des arbres), Gabriel Pigeon (dynamique des populations) et Osvaldo Valeria (télédétection). Des spécialistes de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) viendront enrichir l’équipe avec d’autres expertises.
La Première Nation Abitibiwinni jouera également un rôle clé en participant activement à chaque étape du projet. D’ailleurs, la communauté collabore avec la professeure Fenton depuis près de dix ans dans le cadre de divers travaux. De son côté, la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) apportera son expertise en développement de zones protégées et en protection de la biodiversité, notamment pour guider la création de la base de données.
Documenter l’envahissement d’un zooplancton
Les espèces aquatiques envahissantes comptent parmi les six principales menaces pour la biodiversité indigène du Canada. Parmi elles, on compte le cladocère épineux (Bythotrephes cederströmii). Ce zooplancton prédateur originaire d’Eurasie s’est implanté avec succès dans les écosystèmes aquatiques nord-américains, dont le lac Témiscamingue, perturbant le fonctionnement des lacs et même certaines activités récréatives. Ce projet de documentation vise à mieux comprendre la dynamique d’invasion du cladocère épineux et ses impacts sur les écosystèmes lacustres du nord du Canada.
Les travaux seront réalisés par une impressionnante équipe de recherche composée de quatre établissements universitaires, deux ministères, trois organismes à but non lucratif et un organisme de conservation. Ce projet devrait aboutir à la mise au point d’un modèle permettant de prédire la propagation du cladocère épineux ainsi qu’à la création d’une carte indiquant les lacs les plus vulnérables de l’est du Canada. Les résultats seront diffusés à un large public par l’entremise de divers articles scientifiques. En améliorant la compréhension de l’expansion de cette espèce envahissante et de son impact sur les réseaux trophiques des lacs nordiques, cette recherche contribuera à mieux anticiper les pertes potentielles d’espèces.
Des scientifiques de l’UQAM, de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et de l’Université Queen’s uniront leurs expertises en gestion des espèces envahissantes à celle du professeur Guillaume Grosbois, spécialiste en écologie aquatique, pour réaliser ce projet. Miguel Montoro Girona, professeur à l’UQAT, apportera sa contribution en mettant à profit son expertise en gestion du territoire. Les représentants du ministère québécois de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) et du ministère ontarien des Richesses naturelles (MRN) seront fortement impliqués dans les travaux en tant que détenteurs de connaissances essentielles sur les lacs envahis ou vulnérables à l’envahissement. De leur côté, les organismes de bassins versants du Témiscamingue (OBVT) et d’Abitibi-Jamésie (OBVAJ), le Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue (CREAT) et la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ), particulièrement engagés dans la lutte contre les espèces envahissantes, contribueront notamment à la diffusion des résultats auprès du public.
Ces projets sont notamment possibles grâce au soutien financier du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) via le programme Alliance. Nicole Fenton et Guillaume Grosbois ont également bénéficié de l’accompagnement du Décanat à la recherche et à la création de l’UQAT via le Fonds de soutien à la recherche du gouvernement fédéral.