Les essences à croissance rapide sont des arbres qui se développent rapidement, offrant ainsi des rendements intéressants en volume pour l’exploitation de leur bois de façon durable. Cependant, une idée répandue est que les plantations ont une faible diversité végétale dans le sous-bois. Mais est-ce réellement le cas? Certaines plantations abritent-elles une biodiversité plus riche que d’autres?
La doctorante Mialintsoa Aroniaina Randriamananjara s’est penchée sur ces questions avec son projet de recherche sur l’impact de la composition et de la complexité de la canopée des plantations à croissance rapide sur la végétation en sous-bois. Les travaux de sa thèse, menés en Abitibi-Témiscamingue et dans le Nord-du-Québec, visaient ainsi à évaluer si les plantations mixtes utilisant des peupliers hybrides (Populus spp.) et des épinettes (Picea spp.) favorisent la biodiversité des plantes vasculaires, bryophytes et lichens par rapport aux monocultures. Elle a aussi estimé si les plantations polyclonales* favorisent davantage la diversité végétale et fonctionnelle du sous-bois par rapport aux plantations monoclonales. Finalement, elle a évalué la similarité entre la biodiversité de la végétation de sous-bois des plantations et celle des forêts naturelles de référence, en tenant compte de l’origine des espèces (exotiques vs indigènes) dans les plantations.
Les résultats ont démontré que la présence de l’épinette dans les plantations de peupliers hybrides favorisait l’établissement des bryophytes, tandis que les peupliers hybrides encourageaient la présence des lichens épiphytes**, suggérant que ces plantations peuvent servir de refuge pour ces organismes. De plus, les plantations polyclonales ont contribué à une plus grande diversité fonctionnelle des plantes par rapport aux plantations monoclonales. L’historique d’utilisation des terres a également eu un impact : les anciennes friches agricoles présentaient une dominance d’espèces herbacées associées aux milieux ouverts, tandis que les sites forestiers conservaient une végétation typique des forêts naturelles. Enfin, l’étude a révélé que la diversité végétale dans les plantations était comparable à celle des forêts naturelles de référence. Les résultats de cette thèse montrent que les plantations à croissance rapide peuvent abriter une diversité végétale significative et servir d’habitats pour les lichens. Les plantations mixtes et polyclonales apparaissent comme des stratégies prometteuses pour favoriser la biodiversité du sous-bois en soulignant l’importance du choix des espèces plantées.
Mialintsoa Aroniaina Randriamananjara a soutenu sa thèse avec succès le 17 février au campus de l’UQAT à Amos. Son projet de recherche intitulé « Impact de l’établissement des plantations à croissance rapide utilisant des peupliers hybrides sur la biodiversité de la végétation de sous-bois » a été réalisé sous la direction d’Annie DesRochers et sous la codirection de Nicole Fenton, professeures à l’Institut de recherche sur les forêts de l’UQAT.
*Signifie plusieurs clones génétiquement distincts d’une même espèce. Chez les peupliers hybrides, cela permet de combiner productivité et diversité génétique.
** Lichens qui poussent sur les branches et les troncs des arbres.