Les arbres, par leur capacité à capter et à stocker le carbone, sont des acteurs clés dans le cycle du carbone, contribuant à la régulation naturelle des écosystèmes. Lors de la photosynthèse, ceux-ci accumulent le carbone dans leur tronc, leurs branches, feuilles et racines. Lorsqu’ils se décomposent, le carbone se retrouve alors dans le sol sous forme de matière organique. Le sol est d’ailleurs le deuxième plus grand réservoir de carbone de la biosphère après les océans. Les arbres à croissance rapide, comme le peuplier hybride, constituent des puits potentiels de carbone dans le sol, car ils possèdent la faculté de l’accumuler rapidement dans leur biomasse, pouvant ainsi transférer davantage de matière organique. Or, l’impact de leur taux de croissance et de leurs racines fines sur le stockage et la stabilisation du carbone organique du sol est peu documenté.
Dans le cadre de ses travaux au doctorat sur mesure en sciences naturelles, écologie du sol et des racines, Toky Jeriniaina Rabearison a suivi une plantation de peupliers hybrides située en Ontario afin de déterminer les effets du taux de croissance et des caractéristiques de leurs racines. Cinq clones ayant un taux de croissance différent ont été sélectionnés pour les analyses. Les résultats démontrent d’abord qu’il n’y avait pas de relation significative entre le stock de carbone organique du sol et le taux de croissance des arbres. En revanche, à une profondeur comprise entre 0 et 60 cm, l’identité des clones, présentant une diversité génétique, influençait le stock du carbone organique du sol. Cette variation s’explique notamment par une différence au niveau des caractéristiques des racines des clones. Leur densité en longueur et les caractéristiques liées à leur capacité de se décomposer facilement étaient positivement corrélées non seulement avec le stock du carbone organique du sol, mais également avec le carbone associé aux minéraux. Ainsi, plus les racines sont denses et facilement décomposables, plus il y a de carbone stable dans le sol.
Le potentiel des plantations de peupliers hybrides sur le stockage et la stabilisation du carbone organique du sol a ainsi été démontré. Par ailleurs, les travaux ont également permis de constater que le taux de croissance des arbres était positivement corrélé avec le diamètre et la densité en masse des racines fines, ce qui pourrait contribuer à améliorer la gestion des plantations à croissance rapide.
Toky Jeriniaina Rabearison a réalisé des travaux de recherche sous la direction d’Annie DesRochers, professeure à l’Institut de recherche sur les forêts de l’UQAT et sous la codirection de Vincent Poirier, professeur en sciences du sol à l’UQAT. Il a soutenu sa thèse avec succès le 3 septembre dernier au campus de l’UQAT à Amos.