Les changements climatiques pourraient amener les espèces qui constituent actuellement la forêt feuillue tempérée, comme l’érable à sucre, l’érable rouge et le bouleau jaune, à se déplacer vers le nord, modifiant ainsi le paysage de la forêt boréale mixte. Cette transformation de la composition forestière entraînerait de lourdes conséquences, notamment sur l’approvisionnement de l’industrie forestière. C’est dans cette optique que Maxence Soubeyrand, étudiant au doctorat en sciences de l’environnement à l’Institut de recherche sur les forêts (IRF) de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), a voulu déterminer quels facteurs influencent la capacité des feuillus tempérés à s’établir et à croître au sein des peuplements de la forêt boréale mixte.
Le doctorant a modélisé des peuplements typiques de la forêt boréale mixte, auxquels des espèces de feuillus tempérés ont été intégrées, offrant l’opportunité de coloniser ces peuplements. Les facteurs ainsi modélisés étaient la compétition entre les arbres, le climat futur et les dynamiques de successions forestières.
Les travaux de Maxence Soubeyrand indiquent que les feuillus tempérés peuvent s’établir dans la forêt boréale mixte, avec une meilleure capacité de le faire dans les peuplements les plus jeunes et les peuplements récemment récoltés. Son projet de recherche met aussi en lumière l'importance des interactions entre le climat, le sol et la compétition dans les modèles de croissance des arbres. Il démontre également que la limite nord de la distribution des feuillus tempérés n'est pas déterminée par les normales climatiques régionales, mais plutôt par les facteurs liés à la nature du sol ainsi que des facteurs intrinsèques aux peuplements.
Cette transformation de la forêt boréale mixte comporte à la fois des avantages et des inconvénients. L’établissement des feuillus tempérés dans la forêt boréale mixte pourrait, par exemple, modifier les régimes des feux de forêt, les feuillus étant moins inflammables que les conifères. En contrepartie, le phénomène pourrait intensifier les épidémies de livrée des forêts puisque l’insecte défoliateur s’attaque aux feuillus.
Maxence Soubeyrand a soutenu sa thèse intitulée « Effet du climat et de la compétition sur la croissance des feuillus tempérés et sur la capacité à coloniser des peuplements de la forêt boréale mixte » le 6 mars dernier, au campus de l’UQAT à Rouyn-Noranda. Il a réalisé celle-ci sous la direction du professeur à l’IRF, Fabio Gennaretti, ainsi que sous la codirection de Philippe Marchand, professeur associé à l’UQAT.