Le réchauffement climatique est un enjeu mondial qui touche tous les secteurs d'activité. Des moyens doivent être mis de l'avant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans la lutte aux changements climatiques. La production d'énergie renouvelable est une solution concrète pour y parvenir et l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) se penchera sur un projet répondant à ce besoin au cours de la prochaine année.
Ahmed Koubaa, professeur à l'Institut de recherche sur les forêts (IRF) de l'UQAT et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la valorisation, la caractérisation et la transformation du bois, a obtenu une subvention du Fonds de recherche du Québec pour des travaux touchant les disciplines de la science du bois, de la foresterie et de l'agronomie. Le projet portera sur la biométhanisation des résidus bovins, agricoles et forestiers. Au Canada, le secteur de l'élevage est principalement concerné par l'émission de GES, car une vache émet annuellement la même quantité de GES qu'une voiture au carburant. Les fermes bovines doivent ainsi réduire leurs émissions, notamment pour atteindre les nouvelles cibles du gouvernement fédéral pour le milieu agricole, qui vise une réduction de 30 % d'ici 2030.
Un projet avant-gardiste pour le Québec
Ce projet de recherche vise à valoriser le fumier de bovins ainsi que les résidus agricoles et forestiers par un procédé de biométhanisation sèche développé en Europe, mais très peu utilisé au Québec. Concrètement, l'unité pilote de biométhanisation permettra le traitement biologique des matières organiques résiduelles et mènera à la production d'un biogaz contenant du méthane pouvant par la suite être utilisé comme source d'énergie. De plus, lors de la transformation, les résidus agricoles et forestiers serviront de support de croissance de digestion de la matière, ce qui permettra d'éviter leur enfouissement ou leur incinération, donc de générer d'importantes quantités de GES. Cette étude est l'une des voies les plus prometteuses pour parvenir à réduire les émissions générées par les activités humaines dans les domaines de l'agriculture et de l'industrie forestière, car elle transforme les résidus en biogaz. Ce projet aura également des retombées financières importantes pour les entreprises agricoles, car elle réduira les coûts énergétiques de leurs opérations et engendrera éventuellement des revenus par la vente de biogaz. Le succès de cette étude pourrait servir de modèle pour les fermes bovines du Québec et du Canada.
Le projet sera réalisé en partenariat avec l'entreprise Écoboeuf, située à Dupuy en Abitibi-Ouest, et son cofondateur M. Simon Lafontaine, ainsi qu'en collaboration avec des chercheurs spécialisés en biométhanisation, messieurs Yann Le Bihan, agent de recherche chez Investissement Québec, et Habib Horchani, professeur au Cégep de Rivière-du-Loup. Flavia Braghiroli, professeure à l'IRF spécialisée dans la valorisation et le recyclage de produits forestiers, agira à titre de cochercheuse. Nexx Énergie, une firme d’ingénierie spécialisée dans la conception et l’intégration de solutions innovantes de production de bioénergie, prendra également part au projet. Ce dernier sera réalisé avec le soutien financier du Fonds de recherche du Québec, dans le cadre du Programme de soutien à l'entrepreneuriat scientifique. Ce programme a pour objectif d'encourager la collaboration entre les scientifiques universitaires et les scientifiques au sein d'entreprises avec une capacité de recherche accrue pour la création conjointe de nouvelles connaissances.