Rouyn-Noranda, 9 novembre 2020 - C'est connu : le recyclage du vieux papier génère une grande quantité de résidus appelés boues de désencrage (BDD). Transformée pour être utilisée comme fertilisant, cette matière lignocellulosique possède des caractéristiques fort intéressantes. Pour la doctorante en sciences de l'environnement à l'Institut de recherche sur les forêts (IRF) de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), Emna Marouani, il s'agit d'une piste prometteuse de valorisation à préconiser. C'est ce qui ressort de sa thèse doctorale dont la soutenance a eu lieu en ligne ce lundi 9 novembre 2020.
Dans le cadre de son projet, Emna Marouani a fait la caractérisation bio-physico-chimique des BDD pour s'assurer que leur utilisation ne présentait pas de risque de toxicité organiques et chimiques. Suivant cette caractérisation, elle a constaté qu'il fallait diminuer la concentration des polluants organiques, ce qu'elle a réussi à faire en compostant les BDD avec de la fiente de volaille. Aussi, afin de faciliter le transport, l'entreposage et la manutention de cette nouvelle matière fertilisante en vue d'un éventuel épandage agricole ou sylvicole, le mélange à base de BDD, de boues mixtes, de compost et de cendres de bois a été mis sous forme de granules.
Des résultats fort convaincants
Les résultats de fertilisation obtenus par Emna Marouani ont été convaincants sur deux types de sols. Sur un sol acide argileux, l'application des granules fertilisants à base de BDD a engendré une amélioration de la fertilité du sol. Des augmentations du pH, de la matière organique, des éléments nutritifs et de l'activité biologique ont été observées. Des essais sur un sol calcaire ont démontré une amélioration de la matière organique, de la stabilité structurale et de la perméabilité du sol après deux années consécutives d'épandage de ces boues de désencrage.
Autre avantage indéniable : le fait de remplacer la fertilisation chimique classique par l'utilisation des granules organiques a permis de diminuer de 40 % les émissions de gaz à effet de serre, spécialement l'oxyde nitreux.
Réalisée en cotutelle avec l'Institut National Agronomique de Tunisie, la thèse d'Emna Marouani s'intitule « Étude du potentiel et des impacts environnementaux de l'utilisation des boues de désencrage en tant que matière résiduelle fertilisante ». Au Québec, le projet de recherche s'est déroulé sous la direction du professeur à l'IRF de l'UQAT, Ahmed Koubaa, en codirection avec la chercheuse en sols au Centre de recherche et de développement de Québec à Agriculture et Agroalimentaire Canada et professeure associée au Département des sols et de génie alimentaire de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation de l'Université Laval, Noura Ziadi. En Tunisie, la direction de la thèse était sous la responsabilité de la professeure Naima Kolsi Benzina de l'Institut National Agronomique.
Marie-Eve Therrien
Agente d'information
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