Rouyn-Noranda, le 30 juin 2020 - L’épinette blanche, l’une des principales espèces utilisées pour le reboisement de la forêt québécoise, présente de fréquents échecs de régénération, notamment sur la ceinture d’argile du Québec dans laquelle se trouve l’Abitibi-Témiscamingue. Le doctorant en sciences de l’environnement à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), Benjamin Marquis, s’est donc donné pour mission de comprendre les déterminants environnementaux menant à cette perte de productivité. Pour ce faire, le doctorant a comparé le développement de l’épinette blanche à celui de l’épinette noire, une espèce connue pour être moins affectée par le phénomène de stagnation de la croissance.
Lors de la soutenance de sa thèse, qui avait lieu le 2 juillet dernier en vidéoconférence, M. Marquis a démontré que non seulement les épisodes de gel survenant durant la saison de croissance se produisaient fréquemment à la zone de transition entre la forêt tempérée et la forêt boréale, mais variaient aussi en fréquence et en intensité sur de courtes distances suivant les variations topographiques locales. Effectivement, la température pouvait atteindre 1 °C sur le haut d’une pente alors qu’à peine 20 mètres plus bas, la température pouvait descendre jusqu’à -3 °C. Ces importants épisodes de gel pourraient être la cause du phénomène de la stagnation de la croissance de l’épinette blanche. En effet, un suivi de la phénologie foliaire ainsi que la reconstruction des dommages aux arbres par le gel printanier, par l’entremise de méthodes dendroécologiques, ont permis de montrer que l’épinette blanche s’exposait davantage et était aussi plus sévèrement endommagée par les gelées printanières que l’épinette noire.
En plus de contribuer à des avancées théoriques qui remettent en question les modèles écophysiologiques expliquant le débourrement des bourgeons, les connaissances acquises par ces travaux de recherche ont permis de développer des recommandations pratiques pour que les traitements sylvicoles et la préparation de terrain soient mieux adaptés aux exigences physiologiques des espèces utilisées pour la remise en production de territoires forestiers. Par exemple, planter des arbres plus grands et les planter sur des buttes permettrait de diminuer le temps qu’un jeune plant passe à l’intérieur de la zone de gel au sol et augmenterait de manière importante la productivité des plantations établies sur la ceinture d’argile du Québec.
Dans le cadre de son projet de recherche , le doctorant aborde aussi l’effet des changements climatiques sur la future séquence de débourrement des bourgeons et de la productivité des plantations d’épinettes dans l’avenir. Ces nouvelles connaissances contribuent donc à l’aménagement durable de la forêt boréale mixte de l’ouest du Québec.
Intitulée « Impact des gelées printanières sur le développement des jeunes plantations d’épinettes blanches, noires et de Norvège à l’écotone de la forêt tempérée et boréale de l’ouest du Québec », cette thèse de doctorat fut réalisée sous la direction du professeur à l’Institut de recherche sur les forêts, Yves Bergeron, et sous la codirection du professeur de l’Université Laval, Martin Simard.
Marie-Ève Therrien, agente d'information
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